Comment choisir un « psy » ?

Publié le par Guillaume Baissette

Comme tout le monde, il vous est probablement arrivé de traverser des moments de vie particulièrement compliqués. Il vous est alors peut-être venu à l’esprit de consulter un professionnel pour vous aider à traverser cette période. Comment choisir son « psy », son « thérapeute » ?

C’est une question à laquelle il n’est pas évident de répondre tant nos sociétés regorgent d’offres en tout genre en ce qui concerne la santé mentale et depuis quelques années le « développement personnel », mais également en raison d’un manque d’information.

 

Sommaire :

Les différents « psys » 

Le psychiatre

Il s’agit d’un médecin. Son métier le conduit à l’évaluation, au diagnostic ainsi qu’au traitement, parfois médicamenteux. Certains psychiatres sont également psychothérapeutes et proposent des soins différents en complément ou à la place de la prise de médicaments. En tant que médecin, la consultation chez le psychiatre est prise en charge par la sécurité sociale.

Le psychologue

Il s’agit d’un professionnel de la vie psychique dans son ensemble (émotions, comportements, pensée, cognition, relations, etc.). Dans de nombreux cas, le psychologue est également psychothérapeute. Son métier est donc souvent à la fois l’évaluation du fonctionnement psychique de la personne qui le consulte afin de l’aider à comprendre les rouages psychiques de la souffrance qu’il traverse mais également de proposer la mise en place d’une thérapie adaptée. Il s’agit d’un titre protégé par la loi. Le psychologue doit être détenteur d’un Master 2 de psychologie pour pouvoir exercer. Il existe une grande diversité de Master et donc une grande hétérogénéité dans les formations. Il est préférable de se renseigner sur l’intitulé du Master et dans le cas de souffrances liées à votre vécu de vous tourner vers des psychologues ou neuropsychologues, cliniciens (qui ont été formés dans des institutions et/ou services hospitaliers liés à la maladie mentale et/ou neurologique). A l’inverse, un psychologue titulaire d’un Master de psychologie du travail, par exemple, n’aura pas eu la formation universitaire liée à votre demande.

Le psychothérapeute

Il s’agit également d’un titre protégé mais qui ne correspond pas à un cursus universitaire. Les professionnels voulant détenir le titre de psychothérapeute doivent soit être médecin, soit être titulaire d’un diplôme de niveau Master dont la spécialité est la psychologie ou la psychanalyse (il existe des dérogations sur les prérequis), puis suivre une formation théorique et réaliser un stage pratique. La psychothérapie est un traitement qui engage vers un changement, que ce soit un changement de comportement, de façon de penser ou encore de mode de relation. Il existe différentes formes de psychothérapies et toutes ne se valent pas, ni sur le plan de la validation scientifique, ni sur un plan éthique. Il est donc conseillé de se renseigner sur les méthodes utilisées.

 

Seuls les trois titres précédemment cités sont encadrés et protégés par la loi. Toute autre dénomination renvoie à un parcours de formation qui ne présente aucune garantie établie par l’Etat. Il peut donc tout aussi bien s’agir de formations privées très sérieuses et bénéficiant d’un cadre d’apprentissage rigoureux que de personnes s’attribuant elle-même un titre et des compétences jamais mises à l’épreuve.

Une usurpation à Montpellier

En novembre 2019, à Montpellier, une femme se qualifiant de psychothérapeute et somatothérapeute, a été arrêtée et mise en examen pour escroquerie et abus de faiblesse. L’enquête avait fait suite à des signalements auprès de la MIVILUDES (Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires – qui n’existe plus sous cette forme depuis janvier 2020). Cinq autres personnes, dont son époux, ont également été arrêtées puis remis en liberté. Cette personne ne détiendrait aucun diplôme, n’aurait pas déclaré ses revenus et aurait utilisé des stratégies d’isolement de ses victimes afin de leur retirer un maximum d’argent.

 

Alors, comment reconnaitre un « psy » dont il faut se méfier ?

Comme nous l’avons évoqué précédemment, seuls trois titres sont protégés par la loi, mais nous venons également de voir que certaines personnes, peu scrupuleuses, peuvent s’attribuer l’un de ces titres dans l’illégalité. Chaque Agence Régionale de Santé (ARS) possède ce qu’on appelle le répertoire ADELI (Automatisation DEs LIstes) : « C’est un système d’information national relatif aux professionnels relevant du code de la santé publique, du code de l’action sociale et aux personnes autorisées à faire usage de titres tels que : psychothérapeute, ostéopathe et chiropracteur ». Ainsi, un professionnel inscrit sur cette liste a dû fournir les justificatifs de sa formation.

Vous aurez donc compris qu’il faut être prudent lorsque vous avez affaire à un professionnel se revendiquant de la santé mentale mais n’étant pas en possession d’un titre protégé. Il n’est pas rare de trouver des personnes qui exercent une activité sous des dénominations proches des professions réglementées et qui peuvent facilement induire en erreur : psychoénergéticien, somatopraticien, psychogénéalogiste, PNL, Bio-énergéticien, etc. La liste est inépuisable, de même que la liste de diplômes non reconnus (au mieux délivrés par des écoles privées d’un sérieux invérifiable, au pire auto-attribués sans la moindre formation) dont ces praticiens se revendiquent.

 

Quels sont les risques ?

Certains de ces praticiens sont de bonne foi, ne souhaitant pas abuser des personnes qui font appel à leurs compétences. En revanche, le manque de formation en santé mentale et des références théoriques totalement déconnectées des traitements validés et recommandés par la recherche en psychologie, peuvent avoir des conséquences dramatiques. C’est par exemple le cas des « faux souvenirs » induits ou suggérés par le thérapeute (soit mal formé soit avec de mauvaises intentions). Il peut également s’agir d’un thérapeute enfermé dans une croyance et qui propose une offre de soin totalement inefficace ou même dangereuse à une personne dans une très grande fragilité, l’éloignant ainsi d’une prise en charge adaptée.

Voici quelques éléments qui doivent vous alerter :

  • Un thérapeute qui vous fait croire que tout peut aller mieux si vous le souhaitez. Que votre volonté peut vous guérir de tout.
  • Si vous avez des promesses de résultat complètement irréalistes, voire « miraculeuses ».
  • Dans le même sens, si le thérapeute met en avant des compétences qu’il serait le seul à avoir.
  • Un thérapeute qui fait référence à des croyances ou à des théories pseudo-scientifiques pour justifier ses soins : énergie, magnétisme, astrologie, chakras, esprits, etc.
  • S’il dénigre et critique les autres professionnels ou même le système de soin dans sa globalité, éloignant sa pratique du consensus et ses patients de possibles soins complémentaires.

 

En conclusion, lorsque l’on traverse un moment compliqué de son existence, il n’est pas toujours facile de se tourner vers un professionnel de la santé mentale pour demander de l’aide. Si vous-même ou l’un de vos proches est en souffrance, prenez le temps de questionner le titre du thérapeute que vous pensez rencontrer. Appelez-le, demandez-lui sa façon de travailler, rencontrez-le, puis questionnez d’autres professionnels comme votre médecin traitant pour avoir leurs avis. N’hésitez pas à demander conseil auprès d’autres psychologues, psychothérapeutes ou psychiatres.

 

 

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