Et si on mangeait du plastique ?!!!! (1ere partie)
Dans le cadre de la journée mondiale des droits consommateurs la CLCV s’attaque cette année à la pollution plastique.
Et si on mangeait du plastique ?!!!
Voilà une idée loufoque pour lutter contre la pollution plastique ?
Sauf que réellement d’après plusieurs études nous ingérons du plastique malgré nous et la quantité ingérée chaque semaine serait de 5 gr soit l’équivalent d’une carte bancaire[i].
Comment est-ce possible ? Et bien il faut avant tout comprendre ce qu’on entend par plastique.
Le plastique est un matériau composé de grosses chaînes (polymères) issues de l’assemblage de plus petites molécules (monomères) auxquelles sont ajoutés des additifs[ii].
En fait il existe différents plastiques.
Il existe des plastiques naturels. Dans l’Antiquité, les hommes utilisaient déjà les propriétés plastiques du caoutchouc, de l’ambre, de la corne ou encore des écailles de tortue. Chauffées et moulées, ces matières permettaient de fabriquer des objets.
Les premiers plastiques étaient donc issus de matières premières non fossiles qui étaient peu transformées.
Le premier plastique manipulé par l’Homme aurait été le latex : il servait à faire des balles et des figurines, 1 600 ans avant notre ère en Amérique du sud[iii]
Les plastiques artificiels sont apparus eux à partir de la fin du XIXe siècle et « l’âge du plastique » a commencé pour ne plus jamais se tarir...
La production mondiale de plastique a explosé. De 2 millions de tonnes en 1950 elle est passée à 380 millions de tonnes en 2015. Les deux tiers du plastique déjà produit ont été relâchés dans l’environnement pour y rester[iv].
Ces plastiques artificiels sont issus pour la plupart de l’industrie pétrochimique, 99% du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles. Leur cycle de vie est bien connu.
Tout commence par l’extraction des hydrocarbures, leur raffinage puis leur transformation, leur transport, suivent leur utilisation, ainsi que la gestion des déchets, le recyclage, le stockage ou l’abandon et leur fragmentation….
Nombre de plastiques ne disparaissent pas mais deviennent de plus en plus petits pour devenir invisibles…
Lors de toutes ces étapes les plastiques polluent.
Premier impact, sur le voisinage, notamment à l’occasion de l’extraction du gaz de schistes pour obtenir de l’éthane, particulièrement adapté à la production de polymères de plastiques.
Un second impact sur les travailleurs de la chimie qui sont exposés à des substances dangereuses.
Un troisième impact sur l’environnement à cause de l’abandon des déchets, générant la présence de plastiques dans les océans, nuisibles pour la faune marine, mais aussi à cause d’un recyclage insuffisant.
En France seuls 24% des déchets plastiques ont été recyclés en 2019, et 10% dans le monde[v]. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie, publié en 2018, estime que d’ici à 2050, on n’atteindrait que 20% de plastiques recyclés dans le monde.
[i] Université de Newcastle pour le WWF 2021 Senathirajah K, Attwood S, Bhagwat G, Carbery M, Wilson S, Palanisami T, 'Estimation of the mass of microplasticsingested A pivotal first steptowardshumanhealthriskassessment', Journal of HazardousMaterials, 404 (2021) [C1]
[ii] RÈGLEMENT (UE) No 10/2011 DE LA COMMISSION du 14 janvier 2011 concernant les matériaux et objets en matière plastique destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires
[iii]Hosler, D., Burkett, S. L. &Tarkanian, M. J. Prehistoricpolymers:rubberprocessing in ancientMesoamerica. Science 284, 1988-1991 (1999).
[iv]Plastique et santé, les coûts cachés d’une planète plastique, il a été publié par le Center for international environmental law (Ciel) en février 2019.
[v] Essai « Recyclage : le grand enfumage » de Flore Berlingen, Édition Rue de l'échiquier, collection Diagonales 2020